Au but de poursuivre notre travail de préparation au prochain spectacle théâtrale, Coucou publie pour les élèves des quatrièmes une partie du Dossier du Prof, redigé par France Théâtre, pour le lire, faire la compréhension globale et le lexique. C'est un peu long, mais pas trop difficile.
Bon courage et à la semaine prochaine!
II. CONTEXTE HISTORIQUE
En 1968, la France connaît le plus important mouvement social
qui constituera une période et une césure marquantes de l’histoire
de France du XXème siècle. Cette agitation naît d’un certain
essoufflement de la République gaullienne et se caractérise par une
révolte de nature à la fois culturelle, sociale et politique.
Une société en pleine mutation, la volonté d’un « renouveau »,
l’impérialisme, le capitalisme, tels sont les ingrédients du
cocktail de Mai 68. Ce mouvement de contestation inédit voit le jour
dans les universités avant de s’étendre au monde ouvrier et
de paralyser tout le pays.
A. CONTEXTE ÉCONOMIQUE
Paradoxalement, la crise de 1968 fait son entrée au terme d'une décennie de
prospérité inégalée. Sur le plan économique, c'est l'apogée des « Trente Glorieuses »1 qui furent une Révolution invisible mais brillante et qui changea la société d’antan en une
société de consommation.
Cependant, depuis quelques temps, la situation économique française commence à se
dégrader : les salaires baissent, le chômage augmente touchant en premier les jeunes (le
gouvernement n’avait donc d’autre choix que de créer l’ANPE2) et l’inquiétude s’installe…
En Mars 1963, la grande grève des mineurs fait son apparition. Leur mécontentement fait suite au refus du gouvernement Pompidou d’augmenter les salaires de 0,77% pourtant accordée, l’année précédente, aux autres entreprises du secteur public. Leur revendication pour une revalorisation des salaires durera 38 jours.
Après cela, de nombreuses grèves surviennent entre 1966 et 1967 dans toute la
France. Les raisons de ces grèves concernent principalement les salaires car la plupart des travailleurs sont payés au SMIG3 et se sentent exclus de la prospérité.
1 Les Trente Glorieuses : sont la période de forte croissance économique qu’a connue entre 1945 et 1973 la grande majorité des
pays développés, membres pour la plupart de l’OCDE.
2 L’ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi) : était un établissement public administratif français sous l’impulsion de Jacques
Chirac pour centraliser les offres et les demandes d’emploi. Elle a été créée en 1967 et devient Pôle Emploi en 2008.
3 SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) : est en France le premier salaire minimum. Remplacé par le SMIC en 1970.
B. CONTEXTE POLITIQUE
L’année 1958 avait marqué le début de la Vème République et ouvert une ère de
stabilité politique et de personnalisation du pouvoir.
Elu en 1958 et réélu en 1965, le Président Charles De Gaulle accepte Georges Pompidou au poste de Premier ministre. A cette époque, la politique est contrée sur le concept de participation des salariés au capital des entreprises mais ne satisfait pas la population.
Naît alors un malaise, exploité par l’émergence des forces de gauche. Le pouvoir apparaît lointain et un premier signe d'alerte est donné lors des élections législatives de 1967 au cours desquelles les Gaullistes perdent de nombreux sièges à l'Assemblée nationale. Il y a alors un décalage entre le pouvoir et la société.
De Gaulle, qui était arrivé au pouvoir grâce à des circonstances extérieures, s’est montré incapable par la suite de restructurer l’État capitaliste. Le peuple se lasse et face au mécontentement croissant, les français appellent au changement et le slogan du 13 Mai 1968 visant le mandat de De Gaulle apparaît : « Dix ans, ça suffit ! ».
C. LES ÉVÉNEMENTS DE MAI 68
a) Histoire de Mai 68
L’année 1968 marque surtout l’histoire contemporaine française par ses mouvements
étudiants et ouvriers, tous deux d’une exceptionnelle ampleur. Ces manifestations
surviennent aussi dans un grand nombre de pays, notamment en Italie, en Allemagne, au Mexique, aux États-Unis, au Brésil et au Japon, sans oublier la Tchécoslovaquie ou la Chine.
Mais c’est plus exactement le 13 mai 1968 que la France s’embrase et est marquée par la
plus importante grève générale de la Vème République enclenchée par les manifestations
d’étudiants. Elle paralyse le pays pendant plusieurs semaines et s'accompagne d'une
recherche effrénée de prise de parole, de débats, d'assemblées générales, à l'intérieur des théâtres, des organismes, des entreprises, des lycées ou des universités.
Cette période violente et complexe apparaît aussi comme un moment d’illusion révolutionnaire utopique en la possibilité d'un changement radical de la vie et du monde.
Plusieurs graffitis et slogans surgissent des rues : « Il est interdit d'interdire », « Soyez
réalistes, demandez l'impossible », « Sous les pavés, la plage », « Les murs ont la
parole », « Jouissez sans entraves », « La vie est ailleurs », « Le patron a besoin de toi, tu
n’as pas besoin de lui », etc…
Bien que la France soit en pleine explosion, elle ne vit aucune tentative de putsch ni de guerre civile malgré le recours aux symboles des révolutions françaises précédentes (drapeaux rouge et noir et barricades).
L'expression « années de plomb » désigne cette période d’agitation politique et de
violence entre la fn des années 1960 et la fn des années 1980. Cette dénomination
provient du flm allemand de Margarethe Von Trotta qui fut un succès en Italie et traduit
par « Anni di piombo » afin de dénoncer le nombre important de meurtres lors des luttes
politiques. L’histoire met en scène une journaliste féministe engagée dans la Fraction
armée rouge.
LES PHASES
Période étudiante Du 3 au 13 mai 1968
Période sociale Du 13 au 27 mai 1968
Période politique Du 27 au 30 mai 1968
b) Deux assassinats gravés dans les mémoires
L’année 1968 reste aussi marquée par l’assassinat du pasteur noir Martin Luther King, le 4 avril à Memphis (Tennessee) où il était venu apporter son soutien aux éboueurs4 noirs locaux faisant grève depuis le mois de mars. Le pasteur est resté célèbre pour son engagement dans la lutte contre la ségrégation et pour son discours « I have a dream » dans lequel il décrit une Amérique où les Blancs et les Noirs sont unis.
Une autre tragédie fut l’assassinat de Robert Kennedy, le frère du défunt président des États-Unis, le 5 juin 1968 à Los Angeles alorsqu’il prononçait un discours sur sa victoire à la primaire de Californie. D’abord Ministre de la Justice puis sénateur, il venait de se lancer dans la course à la Maison Blanche.
4 Eboueurs : employé qui collecte les ordures ménagères.
c) Chronologie des événements de 1968
30 janvier : Offensive du Têt au Vietnam contre la République.
Février : Occupation des étudiants à l’Université de Rome et début du « Printemps
de Prague » en Tchécoslovaquie.
Mars : Nanterre s’agite.
4 avril : Assassinat du pasteur afro-américain Martin Luther King. Des émeutes
secouent les grandes villes américaines dont Washington.
6 mai : Premières barricades à Paris. Violent affrontement au quartier Latin : 600
étudiants et plus de 300 policiers sont blessés. Grèves et manifestations dans de
nombreuses universités. Comparution de Daniel Cohn-Bendit5 et de sept autres
étudiants nanterrois devant la commission disciplinaire de l’université de Nanterre.
7 mai : Les étudiants défilent à travers Paris et vont chanter l’Internationale6 devant
la tombe du soldat inconnu.
10-11 mai : Paris, première « nuit des barricades », avec de violents affrontements
contre les forces de l’ordre.
13 mai : Importante grève générale, et manifestations ouvriers-enseignants-étudiants
dans toute la France.
14 mai : Départ du général de Gaulle pour la Roumanie. Occupation de divers
lycées et établissements d’enseignement supérieur. La Sorbonne se déclare
« commune libre », et la faculté de Nanterre autonome.
19 mai : De retour de Roumanie, De Gaulle déclare devant les responsables des
forces de l’ordre : « les réformes oui, la chienlit7 non ! ».
20 mai : Début de grandes grèves de mai-juin 1968. On compte 6 millions de
grévistes.
22 mai : On compte 8 millions de grévistes en France. Daniel Cohn-Bendit est
interdit de séjour en France.
24 mai : Le général de Gaulle annonce à la télévision l’organisation en juin d’un référendum sur la participation dans les entreprises et les universités. Nouvelle « nuit des
barricades » ; la Bourse est incendiée. À Lyon, un commissaire de police est tué par
un camion lancé par les manifestants.
27 mai : les négociations entamées depuis deux jours entre le gouvernement et les
syndicats aboutissent aux accords de Grenelle.
29 mai : Manifestation de la CGT qui demande un gouvernement populaire. De Gaulle « disparaît » à Baden-Baden où il rencontre Jacques Massu.
30 mai : De Gaulle dénonce la « Chienlit ». Le même jour, il annonce qu’il dissout
l’assemblée.
6 juin : Assassinat du sénateur Robert Kennedy.
7 juin : Mort de Gilles Tautin, un lycéen de 17 ans noyé dans la Seine après la poursuite par des CRS.
17 juin : La police met fin à l’occupation de l’Université de Tokyo. Les étudiants
déclenchent une grève d'une grande ampleur.
21 août : Écrasement du Printemps de Prague par les chars du Pacte de Varsovie.
2 octobre : massacre de Tlatelolco au Mexique. Entre 200 et 300 étudiants
mexicains sont tués dans une charge des forces de l'ordre, peu avant l'ouverture
des Jeux Olympiques.
5 Daniel Cohn-Bendit : Figure emblématique de la contestation estudiantine qui a occupé la Sorbonne et qui a expliqué au pays le
« mouvement de Mai ».
6 L'Internationale : chant révolutionnaire des luttes sociales à travers le monde.
7 La chienlit = désordre, agitation, mascarade, pagaille.